Cimetière, lieu de mémoire

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Lors d’un relèvement de tombes, Joël Poujade et son équipe de la société d’archéologie de la Mayenne (SAHM) ont travaillé en collaboration avec Christiane Chartier, Adjointe aux affaires sociales et chargée du patrimoine (mandat 2014-2020) afin d’évaluer le patrimoine funéraire du cimetière de Louverné.
De nombreux monuments, essentiellement du XIX ou début du XXe siècle, ont ainsi fait l’objet d’une procédure de conservation pour leur représentativité d’un style dans l’art funéraire, d’une période historique ou du passé des défunts. Les concessions auxquelles ils étaient rattachées ayant été reprises, tous les monuments ont été déplacés dans une zone dédiée.

De fait, en collaboration avec l’équipe des espaces verts de Louverné, Marie-Christine Duluc, actuelle adjointe aux affaires sociales et chargée du cimetière, a travaillée à la mise en valeur de ce patrimoine, témoin d’une époque où l’art funéraire était porteur d’une symbolique forte.
Un lieu de mémoire a ainsi été créée afin d’y exposer les monuments choisis. Il est amené à évoluer lors de prochains relevés de tombes. Les ossements éventuellement retrouvés lors de cette procédure sont placés dans des reliquaires et déposés à l’ossuaire principal.

Présentation des monuments et historique :

1. L’enfant Pierre Girard

Emplacement d’origine carré E n°2013
Ce monument du début du XXe, surmonté d’une croix imitant le bois, est très représentatif de l’Art des rocailleurs ou l’Art du faux (faux-bois, faux-rocher etc...). La croix en faux-bois est posée sur un socle en rocaille, c’est à dire en faux-rochers). Ce monument était posé sur la tombe de Jules Vannier et de son épouse, de deux de leurs enfants et de Pierre Gislot, ancien curé de Louverné et frère de Jeanne. Pierre Gérard était le petit-fils de Julien Vannier, dit Jules.

2. La famille Cherouvrier

Emplacement d’origine carré E n°2031
Le socle et l’urne qui est vide, étaient un seul monument. Pour des contraintes de sécurité, l’urne a été placée au sol pour la présentation aux publics. Ce monument de la fin du XIXe siècle est représentatif de la symbolique de la mort dans l’art funéraire : l’urne cinéraire utilisée comme ornement funéraire sur un monument ou une tombe, symbolise en effet la mort et ne contient donc pas de cendres.

3. Yvonne et Adélaïde Blin

Emplacement d’origine carré A n°94
Le monument date du début du XXe siècle. Il est composé d’une colonne de 2 mètre et brisée sur la partie haute. Il a probablement été érigé après le décès d’Yvonne Blin, survenu alors qu’elle avait 14 ans. En effet, la colonne brisée symbolise une vie écourtée et une mort prématurée. Ce qui est intéressant ici, c’est que la colonne était à l’époque majoritairement utilisée pour les jeunes hommes. Il est donc rare de la trouver sur la tombe d’une jeune fille.

4. Antoinette Couillec

Emplacement d’origine carré C n°1056
L’intérêt de ce monument réside dans l’épitaphe :"Priez pour celle qui se dévoua à l’éducation chrétienne des enfants". Des recherches sont actuellement en cours pour trouver des informations complémentaires sur la vie de la défunte et l’origine de cette épitaphe.

5. Georgina et Stanile Babin

Emplacement d’origine carré B n°662
L’intérêt de ce monument réside dans son épitaphe, que l’on trouve rarement sur les vestiges funéraires "Priez Dieu pour elle, Ô Marie, ici bas ton amour, ton doux regard de mère, au ciel avec délices sur ton cœur pour toujours". En effet, les épitaphes se limitent souvent à une simple rappel à la prière, tel que "priez pour elle, ô Marie".

6. Michel et Désirée Grison, née Denais et leur fils Michel.

Emplacement d’origine carré A n°57
Colonne surplombée d’une urne.
Dans la symbolique funéraire, la colonne est considérée comme une forme d’arbre de vie, une sorte de lien entre la terre et le ciel. Elle permet l’élévation de l’âme. L’urne qui la surplombe représente la mort. Ce monument a probablement été érigé à la suite du décès de Michel survenu à l’âge de 16 ans.

7. L’enfant Pierre Favrot et ses parents

Emplacement d’origine Carré C n°1014
La tombe était entourée par des grilles en fonte (peu chère à l’époque). Elles délimitent l’espace sacré de la tombe et créent une protection symbolique autour de l’être cher, ici un enfant décédé à l’âge de 5 ans. A noter que Jean-Baptiste Favrot, le père de l’enfant, était chaufournier à Louverné. Le fait que son métier soit inscrit sur le monument a motivé la conservation de l’ensemble car entre 1865 et 1880, les 29 fours à chaux en activité emploient 500 ouvriers. En 1880, Louverné est le centre chaufournier le plus important en Mayenne.

8. Honorine Zoé Taupin

Emplacement d’origine carré C n°1014
Le monument date du début du XXe siècle. Il a été conservé pour son architecture atypique et l’épitaphe rare. A noter que Honorine Taupin était l’épouse de François Tallois, maire de Louverné pendant 22 ans (1900 à 1922).

9. Grilles

Les grilles ont surtout fait partie de l’art funéraire du XIX siècle. Elles délimitaient l’espace entre les vivants et les morts, créant pour les défunts un espace protégé et sacré. Elles étaient souvent en fonte, matériaux peu cher à l’époque.